Editorial de : Jean Etèvenaux
GABY. Nous l’appelions tous Gaby. Pour l’état-civil et pour les documents des associations et des administrations, son nom s’écrivait Gabriel Nucci. Il était connu dans les milieux associatifs, sportifs et culturels. On avait besoin de lui dans le sixième arrondissement, mais sa notoriété dépassait la ville de Lyon — il avait été secrétaire général de l'Asul, le grand club lyonnais omnisports, président de la ligue du Lyonnais de volley-ball de 1969 à 1992 et, enfin, président de la Fédération française de volley-ball de 1994 à 1996. D’ailleurs, il n’était pas l’homme d’un seul lieu, lui dont les racines plongeaient dans la Méditerranée, venant du Constantinois et repoussant dans la Catalogne ; les divers aspects de cette mer et de ses rivages constituaient une source d’inspiration pour le peintre, mais aussi une raison de vivre pour l’homme qui avait besoin du soleil et de l’eau.
Sa faconde enjolivait, au meilleur sens du terme, toutes les situations et, surtout, permettait d’entretenir de bonnes relations avec maintes personnes. La chaleur qui se dégageait de sa voix enrobait l’interlocuteur pour en faire un partenaire qui se sentait valorisé. Sachant très sûrement agir avec les politiques, il n’avait pas non plus son pareil pour rassembler autour de lui des amis et des relations qui se sentaient irradiés par son soleil méridional.
Gaby n’a, en fait, pas voulu survivre à Marie-Sabine, décédée à l’été 2006. Lui s’en est allé juste avant le début de cet hiver 2007-2008. La même église Saint-Claude de Tassin qui avait accompagné le dernier cortège de son épouse a réuni tous ceux qui ont pu partager autour de lui une ultime prière ou un ultime geste de sympathie. Avec sa famille se trouvaient plus particulièrement rassemblés ses amis de l’Académie lyonnaise de peinture, de l’Association de soutien à l’animation culturelle du 6e arrondissement et de la Sélyre.
Il n’avait pu être présent à la dernière exposition des peintres au 6e arrondissement. En revanche, celle organisée plus tôt autour de ses œuvres le 7 septembre lui avait donné l’occasion d’une belle rétrospective et d’un beau discours. La proclamation du résultat des Joutes littéraires s’était tenue, avec la contribution qu’y apporte la Sélyre comme au Printemps des poètes, sous sa présidence le 12 octobre ; profitons-en pour rappeler que l’inscription au prochain concours est ouverte jusqu’au 30 avril (toutes informations sur http://monsite.wanadoo.fr/asaclyon - e-mail : asac.lyon6@orange.fr ou à l’adresse postale : 33, rue Bossuet – 69006 Lyon). Enfin, le 11 octobre, il participait à la dernière réunion de la Sélyre, où il avait trouvé une place triplement naturelle en tant qu’auteur — Mektoub, sorti aux éditions Licorne —, responsable culturel et amateur particulièrement éclairé.
Concluons par un extrait de l’interview qu’il avait donnée, il y a quatre mois, à notre confrère Le Progrès. Interrogé sur sa démarche artistique, il l’avait ainsi explicitée : « Ressentir, s'imprégner, exprimer. J'ajouterais partager. Ressentir : j'ai la capacité d'une véritable éponge à absorber ce qui est offert par la vie et aussi la faculté d'explorer et de retenir ce qui fait mon plaisir du moment. S'imprégner : pour ne retenir que l'essentiel. Exprimer : C'est aller au-delà de la représentation. Partager : toute œuvre qui n'est accessible qu'à son auteur prive ce dernier d'un immense plaisir. »
Nous avons été heureux du plaisir qu’il nous a fait partager.