Editorial de : Jean Etèvenaux
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L’histoire de France jusqu’en 1914
dans les livres
Si connaître l’histoire de son pays ne permet certainement pas de prédire l’avenir, car les cycles demeurent incertains même en économie, l’on en retire au moins deux avantages. D’abord comprendre d’où l’on vient et de quoi l’on est formé, ensuite découvrir des aventures individuelles et des sagas collectives que bien des scénaristes n’auraient même pas songé à inventer. Voici donc une sélection de titres explorant le passé de la France jusqu’en 1914 — à l’exception des deux périodes napoléoniennes.
Il n’est pas anodin de répertorier les emplacements, car les hommes et les événements se sont incarnés en des endroits précis et les contraintes géographiques contribuent souvent à expliquer le déroulé des faits. Grâce à Olivier Wieviorka et Michel Winock (Michel) qui en ont assuré la direction, on découvre ainsi Les lieux de l’histoire de France (Paris, Perrin, 2017, 496 pages). Si on veut mesurer le rôle de certaines personnes, on prendra deux ouvrages de Françoise Surcouf, Rois, reines, galants et favorites. Amour, intrigues et pouvoir à la cour de France (Rennes, Ouest-France, 2016, 142 pages) et Histoire secrète des reines et princesses de France (Rennes, Ouest-France, 2017, 144 pages), qu’on pourra compléter par celui de Philippe Valode, Les grandes scandaleuses (Paris, First, 2015, 350 pages). Du même auteur, on retiendra volontiers l’Histoire des grands inventeurs français (Paris, Nouveau Monde, 2015, 336 pages).
Abordons des personnages et des moments plus particuliers. Ainsi, Gerd Krumeich étudie Jeanne d’Arc à travers l’Histoire (Paris, Belin, 2017 [première édition : Albin Michel, 1993], 414 pages). Antoine Franzini propose, de façon particulièrement bienvenue, Un siècle de révolutions corses (Paris, Vendémiaire, 2017, 598 pages) tandis que Stéphane Genêt révèle Les espions des Lumières. Actions secrètes et espionnage militaire sous Louis XV (Paris, Nouveau Monde éditions / Ministère de la Défense, 2013, 512 pages). Grâce à Dominique Sabourdin-Perrin revit la figure lumineuse autant que discrète de Madame Élisabeth de France (1764-1794). L’offrande d’une vie (Paris, Salvator, 2017, 96 pages). Et l’on doit à Henri Servien une Petite histoire des guerres de Vendée (Chiré-en-Montreuil, Éditions de Chiré, 2017, 208 pages).
Pour comprendre l’évolution de notre pays on recommandera la synthèse réalisée sous la direction d’Olivier Wieviorka avec Julie Le Gac, Anne-Laure Ollivier et Raphaël Spina, La France en chiffres de 1870 à nos jours (Paris, Perrin, 2015, 670 pages). Gilles Richard, lui, décortique l’Histoire des droites en France de 1815 à nos jours (Paris, Perrin, 2017, 640 pages). Plusieurs ouvrages sont d’ail-leurs consacrés à la période fondatrice du régime parlementaire en France : Jean-Claude Caron et Jean-Philippe Luis ont dirigé celui intitulé Rien appris, rien ou-blié ? Les Restau-rations dans l’Europe post-napoléonienne (1814-1830) (Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2015, 474 pages), tandis qu’Em-manuel de Waresquiel en restitue une partie avec C’est la Révolution qui conti-nue ! La Restauration 1814-1830 (Paris, Tallandier, 2015, 430 pages), tout comme Benoît Yvert dans La Restauration. Les idées et les hommes (Paris, Cnrs Éditions, 2013, 264 pages) ; Jean-Paul Clément, avec le concours de Daniel de Montplaisir, s’est attaché à Charles X. Le dernier Bourbon (Paris, Perrin, 2015, 574 pages).
En ce qui concerne la projection de la métropole sur des terres plus ou moins lointaines, plusieurs directions peuvent être proposées. C’est d’abord la grande figure de la conquête de l’Algérie, scrutée par Ahmed Bouyerdene dans La guerre et la paix. Abd el-Kader et la France (Paris, Vendémiaire, 2017, 646 pages) et par Thérèse Charles-Vallin dans Abd El-Kader Aumale. Identités meurtries (Paris, La Bisquine, 2017, 240 pages). Ensuite revivent, sous la plume de Farid Ameur, Les Français dans la guerre de Sécession 1861-1865 (Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2016, 356 pages). À l’autre bout de la planète, relatant ce qu’il a accompli et vu, Ludovic Garnier des Garets avait envoyé ses Lettres de Chine 1859-1861. Lettres du sous-lieutenant de Garnier des Garets à sa famille. Campagne de Chine et de Cochinchine (photographies de Felice Beato reporter de guerre, texte établi et présenté par Geneviève Deschamps, Odile Bach et Thierry des Garets, introduction de Jean-Philippe Rey, préface de Bernard Brizay, Gleizé, Éditions du Poutan, 2013, 320 pages). Le propos est élargi par Jean de La Guérivière qui se place dans l’autre perspective avec Les Français en Chine. Portraits et récits choisis des Long-Nez dans l’Empire céleste (Paris, Éditions Bibliomane, 2015, 288 pages). La problématique se trouve élargie grâce à Éric Jennings dans Illusions d’empires. La propagande coloniale et anticoloniale à l’affiche (Paris, Les Échappés, 2016, 144 pages). Enfin, sous la direction de Benoît Van Reeth et Isabelle Dion, on a une idée des sources exploitables en France avec leurs Histoires d’outre-mer. Les archives nationales d’outre-mer ont 50 ans (Aix-en-Provence / Paris, Archives nationales d’outre-mer / Somogy, 2017, 360 pages).
Jean Étèvenaux