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Historique des éditoriaux:

Editorial et articles de la lettre numéro 63

  du 23/09/2012

Editorial de : Jean Etèvenaux

   La rentrée de la Sélyre s’effectue sous le signe de Jean-Jacques Rousseau, mais aussi dans le souvenir d’André Mure. C’est dire combien nous nous efforçons de tenir les deux bouts entre la littérature établie depuis plusieurs siècles et celle qui a constitué la trame quotidienne de la vie de ces dernières décennies.

   C’est pourquoi nous sommes fiers que, comme Gérard Chauvy l’a rappelé le 23 juin face aux autorités lyonnaises qui, naturellement, tiraient à elles la paternité de l’honneur accordé à André Mure, la Sélyre ait fait aboutir son projet de donner le nom d’une artère de l’agglomération à celui qui marqua tant la vie de la cité. Comme tout homme politique, André Mure a pu être discuté — et c’est l’honneur de la démocratie de permettre l’expression de voix critiques empêchant l’unanimisme qui écrase les consciences et tue liberté et responsabilité. Comme homme de culture aussi, ses goûts et ses choix ont pu être contestés. Mais ce que personne ne pourra lui enlever, c’est une participation fondamentale à la vie intellectuelle, artistique et gastronomique de ce Lyon qu’il aimait et faisait aimer, tout comme au mouvement de ces Lyonnais qu’il savait aussi bien gentiment brocarder qu’efficacement valoriser. C’est d’ailleurs dans cet esprit qu’a été créé par la Sélyre le Prix André Mure, destiné à honorer quelqu’un qui a contribué au développement et à la reconnaissance du patrimoine lyonnais dans l’une de ses multiples composantes.

   De son côté, Victor Hugo — qui savait de quoi il parlait puisqu’il avait été successivement partisan de presque tous les régimes qui se sont succédé dans la France du XIXe siècle — faisait déclamer à l’un de ses personnages : « C’est la faute à Rousseau ». Comment, effectivement, nier la responsabilité de ce dernier dans le grand délitement qui a provoqué la Révolution, Terreur comprise ? Pourtant, ses mesquineries, ses inconséquences et ses prétentions ne peuvent faire oublier son immense talent d’écrivain et même, au-delà, sa réelle sensibilité artistique. Si les modes d’aujourd’hui, poussées par la célébration du tricentenaire de sa naissance, amènent nos contemporains à se reconnaître davantage en lui qu’en un Voltaire plus froid, plus ironique et plus incisif, Jean-Jacques n’en demeure pas moins un penseur de haut vol et un auteur talentueux. Nous nous rendrons donc le samedi 29 septembre avec intérêt et plaisir dans quelques-uns des lieux où il vécut, à Chambéry et à Annecy, dans cette Savoie qui se situait alors en dehors de la Suisse qui l’avait vu naître et de la France qu’il avait adoptée.

   Si, donc, cela n’est encore fait, inscrivez-vous à notre voyage sur les traces de Rousseau. Et venez ensuite à notre soirée du jeudi 4 octobre.

Histoire et actualité du monde

   Parmi les fresques, on peut retenir un outil fondamental, L’Atlas Histoire. Histoire critique du XXe siècle. Le Monde diplomatique (Paris, 2011, La Librairie Vuibert, 104 pages). L’étude de Svetlana Gorshenina permet de comprendre l’Asie centrale. L’invention des frontières et l’héritage russo-soviétique (Paris, Cnrs Éditions, 2012, 384 pages). On apprend aussi beaucoup avec le recueil d’Izis, 100 photos pour la liberté de la presse (Paris, Reporters dans frontières, 2011, 144 pages).
   Notre continent fournit à Luuk van Middelaar l’occasion d’étudier Le passage à l’Europe. Histoire d’un commencement (Paris, Gallimard, 2012 [édition originale : 2009], 480 pages) et à Michel Aglietta de faire le point sur la Zone euro. Éclatement ou fédération (Paris, Michalon, 2012, 192 pages) ; on peut aussi se demander, avec Christian Saint-Étienne si existe Le joker européen. La vraie solution pour sortir de la crise (Paris, Odile Jacob, 2012, 112 pages). Bat Ye’or, elle, développe ses arguments sur L’Europe et le spectre du califat (Saint-Victor-de-Morestel, Les Provinciales, 2010, 224 pages). Øyvind Strømmen dénonce, de son côté, La toile brune (Arles, Actes Sud, 2012, 208 pages). De toute manière, on peut partir À la recherche des Européens dans le n° 51, septembre-octobre 2011, de Questions internationales. Se pose aussi la question du rôle de La Russie en Asie (n° 28, hiver 2011-2012, de Monde chinois, nouvelle Asie).
   L’inextricable mélange des facteurs religieux et politiques se trouve pertinemment mis en valeur par Didier Le Fur dans L’inquisition. Enquête historique France XIIIe-XVe siècle (Paris, Tallandier, 2012, 192 pages), considérations qui mériteraient d’être étendues à d’autres pays. Il en est évidemment de même dans deux études mêlant les continents et les confessions : La marine ottomane. De l’apogée à la chute de l’Empire (1572-1923 (Paris, Cnrs Éditions, 2012 [1ère édition : 2009], 558 pages), de Daniel Panzac, et Une histoire de Jérusalem. De la fin de l’Empire ottoman à la guerre des Six Jours (Paris, Cnrs Éditions, 2012 [1ère édition : 2008], 304 pages), de Catherine Nicault. C’est aussi un cocktail explosif qui constitue, sous la plume d’Alexis-Gilles Troude, le soubassement de L’éclatement des Balkans. Une stratégie programmée des Etats-Unis contre l’Europe (Vevey, Xénia, 2011, 216 pages).
   Sans s’éloigner beaucoup, on revivra, avec Ali Toumi Abassi, comment Le vent se lève en janvier. Roman de la révolution tunisienne (Tunis / Lausanne, Les Éditions Sahar / Éditions d’en bas, 2012, 212 pages). Juste à côté, notons une intéressante réflexion sur Rencontre patrimoine culturel et développement régional. L’Oriental marocain (actes du colloque international Paris, 15 mars 2011, siège de l’Unesco, Rabat, Agence de l’Oriental, 2012 [ ?], 176 pages). De l’autre côté de l’Atlantique, Stéphanie Grousset-Charrière fait découvrir La face cachée de Harvard. La socialisation de l’élite dans les sociétés secrètes étudiantes (Paris, La Documentation française, 2012, 232 pages). Encore plus loin, il faut prendre en considération, grâce à Edward N[icolae] Luttwak, La montée en puissance de la Chine et la logique de la stratégie (Paris, Odile Jacob, 2012, 270 pages).
   Terminons par nos voisins. Ainsi avec le n° 54, mars-avril 2012, de Questions internationales consacré à l’Allemagne, Les défis de la puissance, ou, grâce à Bruno Demoulin, avec l’Histoire culturelle de la Wallonie (Bruxelles, Fonds Mercator, 2012, 400 pages). Andrew Marr étudie la société britannique dans The Diamond Queen. Elizabeth II and her people (Londres, Macmillan, 2011, xiv + 418 pages), sujet traité de façon plus française par Marc Roche dans Elizabeth II. Une vie, un règne (Paris, La Table ronde, 2012, 272 pages). La Confédération helvétique s’interroge également sur elle-même ; soit d’une manière très contemporaine, avec Jean-Jacques Langendorf : Capitulation ou volonté de défense ? La Suisse face à un défi (Bière / Divonne-les-Bains, Cabédita, 2011, 80 pages, ou Swiss Trading SA. La Suisse, le négoce et la malédiction des matières premières (Lausanne, Déclaration de Berne / Éditions d’en bas, 2012 [1ère édition : 2011], 360 pages) ; soit sur plusieurs siècles avec Roger Francillon : De Rousseau à Starobinski. Littérature et identité suisse (Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2011, 144 pages) ; soit à travers ses grandes figures, tel Alexandre Lambert faisant revivre Jacques-Alexis Lambert (1863-1942). Professeur de Lénine. Témoignage de la Révolution russe (Golion / Pregny-Genève, Infolio / Éditions de Penthes, 2009, 112 pages), ou, aux mêmes éditions, les ouvrages de Bénédict de Tscharner consacrés à Albert Gallatin (1761-1849). Genevois au service des États-Unis d’Amérique (2008, 160 pages), Giuseppe Motta. Homme d’État suisse (1871-1940) (2007, 80 pages) et, plus généralement, aux Inter Gentes. Hommes d’État, diplomates, penseurs politiques (2012, 384 pages).
   On laissera volontiers la conclusion à Lech Walesa méditant Sur les ailes de la liberté (Paris, Parole et Silence, 2012, 192 pages) et à Joseph Yacoub exposant L’humanisme réinventé (Paris, Cerf, 2012, 224 pages).

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