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Historique des éditoriaux:

Editorial et articles de la lettre numéro 67

  du 31/05/2013

Editorial de : Jean Etèvenaux

   Si nous voulons rester fidèles à l’esprit qui animait Alain Horvilleur, il convient que nous favorisions les prix que la Sélyre a l’habitude de décerner. Il n’est en effet pas inutile de rappeler qu’il en existe trois catégories et que notre ancien président y était très attaché et s’en occupait avec la fougue tranquille qui le caractérisait.
   Il y a tout d’abord celui qu’il avait créé en souvenir d’André Seveyrat et qui concerne la poésie publiée chez un éditeur. André n’était pas qu’un journaliste de talent, toujours sur le terrain : il se montrait habité par le goût de l’écriture, ayant par exemple recueilli les souvenirs de celle qui avait été l’épouse de Jean Moulin ; ce n’est d’ailleurs que justice de le rappeler au moment où l’on va commémorer le soixante-dixième anniversaire de l’arrestation de Caluire. Le jury de cette année, où s’active toujours Danièle Seveyrat — qui en soutient la dotation — va se réunir incessamment. Il importe néanmoins de préparer l’an prochain, ce qui signifie qu’il faut faire davantage connaître cette distinction qui permet de mettre en valeur un auteur qui, comme la plupart des poètes d’aujourd’hui, sera heureux de la reconnaissance ainsi attribuée.
   Ensuite, le plus récent, le Prix André Mure, récompense une personnalité qui a contribué de manière significative au rayonnement du patrimoine lyonnais. Cela concerne particulièrement — mais pas exclusivement — les domaines illustrés par l’ancien adjoint à la Culture de la Ville de Lyon : les arts, la littérature et la gastronomie. Le prochain lauréat sera connu lors de notre rencontre du 6 juin, puisque le jury, où se retrouvent notamment le fils et la belle-fille d’André Mure, se réunit le midi précédant notre rendez-vous. Là aussi, toute suggestion est la bienvenue pour les années à venir.
   Quant à ceux qui sont attribués par vous-mêmes, amis lecteurs, les deux Grands Prix des séries Fiction et Essais et documents, ils ne dépendent que de votre enthousiasme. Mais n’oublions que cela peut constituer un argument pour faire entrer de nouveaux écrivains à la Sélyre en leur faisant miroiter l’attribution de l’un d’eux…

À Paris, un salon pour redonner du tonus au livre

Pour sa trente-troisième édition, le Salon du Livre de Paris s’est efforcé de montrer la vitalité de l’édition, puisqu’il constitue avant tout l’affaire des grandes maisons qui, pour l’occasion, déplacent leurs auteurs les plus prestigieux, tandis que celles qui disposent de moins de surface s’efforcent aussi de profiter du mouvement — par exemple en unissant leurs représentations dans des cadres régionaux. Les pays de la francophonie s’insèrent également dans le jeu, qu’il s’agisse des voisins belge et suisse, voire des minorités parlant ailleurs notre langue, ou des pays africains, encore que des problèmes de logistique et de rentabilité limitent leurs possibilités.
Mais, une fois de plus, au Parc des Expositions de la Porte de Versailles, on aura dû, même discrètement, constater que l’écrit souffre, phénomène également connu dans la presse. Certes, le marché de l'édition a cru de 0,3 % par an en valeur entre 2005 et 2011, mais il a baissé en volume — avec ‐0,4 % par an —, restant tiré par une croissance modérée des prix, inférieure à l'inflation.
Il faut par ailleurs savoir que, contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’édition numérique ne représente que 2 % du chiffre d’affaires total. Il se développe plus lentement qu'aux États‐Unis et au Royaume-Uni, mais comme dans le reste de l'Europe continentale ; de toute manière, le taux d'équipement en liseuses reste plutôt faible en France, les tablettes n’étant utilisées qu’à un dixième de leur temps pour la lecture. D’ailleurs, en dehors de quelques passionnés plongés dans d’épais volumes, ceux qu’on voit parcourir livres, journaux ou tablettes dans les transports en commun donnent souvent l’impression de lire faute de mieux.
En tout cas, le Salon aura proposé au public de découvrir les multiples aspects du livre et sa pérennité dans le temps. C’est d’ailleurs pour augmenter cette richesse d’approche qu’il a créé cette année deux nouveaux espaces, le Square culinaire et Art Square, dédié à l’art et aux trésors du livre. Par ailleurs, bien que resserré sur quatre journées, il s’est voulu toujours multiple et ouvert. C’est ainsi que les lettres roumaines et la littérature catalane ont permis de mettre en valeur, au-delà de la francophonie, le monde latin auquel il appartient.
On saluera particulièrement la mise en valeur, sur près de 180 m2, du livre de poche. Celui-ci a en effet été inventé en 1953 par Henri Filipacchi — le père de Daniel, le créateur de Salut les copains ! et le redresseur de Paris Match — avec une succession de déclinaisons dès 1955 avec le Livre de Poche pratique, 1958 avec le Livre de Poche classique et 1960 avec le Livre de Poche policier, vite imités par nombre d’éditeurs ayant mis au point leurs propres collections.
Enfin, la célébration des 75 ans de Spirou a donné l’occasion non seulement de faire revivre le plus célèbre groom de l’Histoire, mais aussi de montrer tous ceux qui, depuis 2008, ont pu donner leur propre vision du personnage. Parmi beaucoup d’auteurs de bd — dont les inévitables mangas — voilà une heureuse rétrospective doublée d’une belle manifestation d’inventivité.

Clément V, de Saint-Just à Saint-Genis-Laval

La récente élection du pape François nous permet de rappeler que, jadis, un certain nombre d’événements liés à la désignation du chef de l’Église catholique se déroulèrent à Lyon…
Après avoir abrité deux conciles au XIIIe siècle, sous Innocent IV et Grégoire X, la capitale des Gaules vécut le couronnement d’un pape au suivant. Cela se passait en 1305 et l’heureux élu se nommait Clément V. Heureux n’est peut-être pas le qualificatif qui convient car notre pape rencontra bien des difficultés avec le roi de France, Philippe le Bel, et se trouva placé au centre de l’affaire de l’ordre des Templiers dont la dissolution fut prononcée en 1312. Auparavant, son couronnement à Saint-Just ne fut pas moins éprouvant et  certains dirent que le grave accident qui se produisit était comme un mauvais présage. Ce 14 novembre 1305, cardinaux, princes et seigneurs laïcs participèrent, de Saint-Just vers la ville, à une grande procession qui emprunta notre passage du Gourguillon où se déroula le drame. La foule était compacte, trop sans doute, puisqu’un mur s’effondra.
« Philippe le Bel, qui tenait la bride du cheval de Clément V, le roi d’Aragon et plusieurs seigneurs de haut rang s’en tirèrent avec des blessures, mais Charles de Valois, frère du roi de France, fut gravement blessé. Le duc Jean de Bretagne, mortellement atteint, succomba au bout de quelques jours. Douze autres personnes (ou quatre selon les sources) trouvèrent la mort, et plusieurs furent blessées » (René Fédou, Les Papes du Moyen Âge à Lyon). Le pape s’en sortit avec quelques égratignures malgré la chute de sa monture qui entraîna cependant la perte de plusieurs diamants de sa tiare tombée au sol, dont l’un  était évalué entre 6 000 et 10 000 florins ! Clément V ressentit le besoin de se remettre de ses émotions et, pour prendre quelque peu ses distances avec la ville, il décida de se mettre au vert. Les chanoines de Saint-Jean lui offrirent alors une de leurs propriétés, une maison forte, au territoire de Laye, à Saint-Genis-Laval, aujourd’hui disparue. Le pape put ainsi, dit-on, « se reposer de l’émoi que lui avait causé l’accident du Gourguillon »…
1316 vit ensuite un pape élu et couronné à Lyon. Clément V avait ouvert l’ère des « papes français d’Avignon ». Mais à sa mort, en 1314, sa dépouille fut ramenée à Carpentras où le Sacré Collège, divisé entre les  partis « gascon », « italien » et « français », ne put se prononcer sur un successeur et de graves troubles éclatèrent alors dans la ville. Au nom du roi Louis X fut imposé le transfert des cardinaux… à Lyon, toute récente « ville française ». Les conciliabules s’éternisèrent dans ce couvent des dominicains — ou jacobins — et sa chapelle Notre-Dame de Confort, disposant d’un cloître spacieux et d’un jardin. Finalement, après 27 mois de vacance mouvementée, Jacques Duèze, né à Cahors, évêque d’Avignon, fut élu sous le nom de Jean XXII, le 7 août 1316. Son couronnement se déroula le 5 septembre à Saint-Jean. Ce pape de compromis, que l’on croyait trop âgé (72 ans) pour durer, occupera pendant dix-huit ans le Saint-Siège !
Gérard Chauvy

 

Nantua, porte-étendard du livre et de la lecture

   Avec 60 auteurs et plus de 500 visiteurs, le Salon du livre de Nantua qui s’est tenu le 23 mars à l’Espace André Malraux a constitué un succès indéniable.
Placé sous la présidence d’Honneur du dessinateur humoristique DuBouillon, « ravi de revenir à Nantua », cet événement littéraire, organisé par la mairie et soutenu par la Sélyre, est aujourd’hui un des plus importants de Rhône-Alpes.
Le public a été séduit par la gentillesse et l’humanité d’Alain DuBouillon — il collabora notamment avec Reiser et Auguste —, régalant ses admirateurs de dédicaces personnalisées.
Parmi les animations, la rencontre avec Isabelle de Chalon autour de son dernier ouvrage Manipulation conjugale, Grand Prix 2012 de la Sélyre, a été fortement appréciée ainsi que l’intervention des élèves de CM1 de l’école de Montréal-La Cluse autour du livre de Claude Secondi La luciole de Montréal-La Cluse.
Le terroir jurassien fut aussi très remarqué avec l’attachant écrivain de La Doye Christian Delval et le convivial Sanclaudien Jean Lugand. Et comme tout se termine autour d’une bonne table à Nantua, les visiteurs ont apprécié les livres du chroniqueur gastronomique Jacques Bertinier…
Rendez-vous maintenant en mars 2014 pour une nouvelle édition ! Avec, espérons-le, une nouvelle dictée de Jean Étèvenaux dans le cadre des manifestations de Plais’lire organisées pour la semaine de la lecture dans le Haut-Bugey.
Renaud Donzel

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