Editorial de : Jean Etèvenaux
Lettre 106 - En route vers Noel
LE CHANT ET LE TEXTE
Nous avons choisi, pour ce numéro sortant juste avant les fêtes de Noël et du Nouvel An, une illustration proposée par l’Opéra de Lyon pour l’un de ses concerts de fin d’année. Il s’agit de la basilique Saint-Bonaventure, haut lieu dont la réputation a depuis longtemps dépassé la région lyonnaise, ne serait-ce que parce que, dans ce qui était l’église des cordeliers (ou francis-cains), mourut le grand théologien saint Bonaventure, au cours du deuxième concile de Lyon en 1274. Aujourd’hui, entre autres, un sympathique bou-chon perpétue le nom des Cordeliers (voir page 11).
C’est la maîtrise de l’Opéra de Lyon, très présente dans les productions lyriques de la saison 2022-2023, qui y interprète ces chants de Noël sous la direction de Karine Locatelli. Sont ainsi recréées quelques-unes des mélo-dies connues de beaucoup, surtout dans leur enfance.
On pourra ainsi entendre plusieurs pièces de Benjamin Britten (1913-1976), extraites notamment de A Ceremony of Carols et de sa Sérénade, op. 31. Il y aura aussi la Farandole extraite de L’Arlésienne de Georges Bizet (1838-1875). Elles seront suivies de l’Angel’s Carol de John Rutter (né en 1945), d’At the River, des Old American Songs d’Aaron Copland (1900-1990), du Psaume 23 des Chichester Psalms de Leonard Bernstein (1918-1990) et d’In the Bleak Midwinter de Gustav Holst (1874-1934). Les deux représentations se tiendront le dimanche 11 décembre à 16 h et le samedi 17 à 19 h (réservations au 04 69 85 54 54).
Ces mélodies du temps de Noël, généralement associées à l’époque hi-vernale, nous rappellent l’heureux mariage du chant et du texte qu’elles promeuvent. Elles plongent en fait dans la nuit des temps, non seulement par leur inspiration religieuse ou leur mémorisation durant des générations mais aussi par cette conjonction de la musique et du texte. On peut d’ailleurs rap-peler que, à la Renaissance, Lyon fut un centre important pour l’impression des notes dès la fin du XVe siècle.
Un amoureux des lettres peut difficilement ne pas s’intéresser et même se passionner pour la musique. Dans ce numéro des Lettres de la Sélyre vous trouverez en tout cas beaucoup de livres et d’albums destinés aux enfants, y compris avec quelques sons.
J.É.
Des livres pour les petits
Les vacances et le venue de Noël fournissent l'occasion d’acquérir des livres pour les plus jeunes des enfants. Il s’agit en effet de beaux objets ai-dant à l’éveil des petits en les familiarisant avec un moyen d’apprendre et de communiquer tout en faisant appel à plusieurs de leurs sens.
Voici d’abord de premières initiations. Laura Cowan propose ainsi Mon livre pop-up. L’espace (Londres, Usborne, 2022, 8 pages cartonnées). Anna Milbourne et Grace Habib invitent à découvrir Mon petit imagier. Les jours de la semaine (Londres, Usborne, 2022, 18 pages cartonnées). Quant à Emily Beevers, elle dispose Ma première peinture magique. La ferme (Londres, Usborne, 2022, s.p. [en fait, 32 pages]).
Approfondissons l’approche des bêtes autour de nous et même plus loin. Stella Baggott développe les sensations tactiles Avec mon doigt… Mon imagier animé. Les animaux de compagnie (Londres, Usborne, 2022, 8 pages cartonnées). Sam Taplin fait appel à l’oreille pour détailler Les Animaux de la banquise (Londres, Usborne, 2022, 10 pages cartonnées, avec des sons). De son côté, Sam Smith fixe pour longtemps l’attention dans son Livre et puzzle. Labyrinthes sous la mer (Londres, Usborne, 2022, 32 pages + puzzle de 200 pièces).
Faisons connaissance avec des animaux précis. Michel Larrieu et Duairak Padungvichean racontent La véritable histoire de Jeremy l'escargot (Paris, Delachaux et Niestlé, 2022, 44 pages). Mathilde Delattre-Josse fait voleter Micheline, la mouche de Papi (Paris, Delachaux et Niestlé, 2022, 46 pages). Michel Larrieu et Léa Larrieu expliquent pourquoi Sushi aime les souris (Paris, Delachaux et Niestlé, 2022, s.p. [en fait, 28 pages]). Il reste à Lesley Sims et à Maribel Lechuga le soin de partager Mes petites histoires. Le lièvre et la tortue (Londres, Usborne, 2022, 20 pages cartonnées).
Entrons dans le monde d’une appréhension plus détaillée. Lisa Voisard présente Arborama. Découvre et observe le monde fabuleux des arbres (Bâle / Lausanne, Helvetiq, 2021, 208 pages). Avec Liz Lee Heinecke, on met la main à la pâte : Réalise les expériences des grands chimistes (Paris, Dela-chaux et Niestlé, 2022, 128 pages). Enfin, un véritable ouvrage des référence est proposé par Jane Bingham, Fiona Chandler et Sam Taplin avec leur En-cyclopédie illustrée. L’histoire du monde (Londres, Usborne, 2021, 418 pages).
C’est maintenant le moment d’avancer vers le 25 décembre. Annette Langen raconte L’histoire de Noël (Paris, Éditions Emmanuel, 2022, s.p. [en fait, 14 pages]). Isabelle Chevillard annonce aussi La promesse de Noël. Mon merveilleux album de l’Avent (Paris, Éditions Emmanuel, 2022, 64 pages). Sam Taplin s’émerveille : Brille, brille nuit de Noël (Londres, Usborne, 2022, 10 pages cartonnées, avec des lumières scintillantes). Tout cela peut être prolongé grâce à Kate Nolan dans des Activités de Noël pour les petits (Londres, Usborne, 2021, 48 pages).
Jean-Gabriel Delacour
Face aux défis idéologiques
Confrontés aux pressions exercées par un certain nombre de minorités soucieuses d’imposer leurs points de vue, des auteurs proposent de mieux les connaître et, surtout, de raison garder. Il s’agit de ne pas se laisser mani-puler ni de céder aux modes du moment et, au contraire, de s’appuyer sur ce que notre civilisation a produit afin de regarder l’avenir avec confiance et détermination.
Deux ouvrages donnent d’abord à comprendre une certaine tournure d’esprit. Maurice Rebeix rajeunit le rousseauisme en se livrant à l’apologie de L’esprit ensauvagé (Paris, Albin Michel, 2022, 464 pages). Daniel Welzer-Lang se raconte dans son Autobiographie d’un mec sociologue du genre. Retour sur 35 ans de recherches critiques (Toulouse, Érès, 2022, 504 pages). En revanche, sur un mode ironique, Richard de Seze pose la question essentielle du comportement : Le rond de serviette est-il de droite ? et autres considérations essentielles (Paris, La Nouvelle Librairie, 2022, 184 pages).
Grâce à Séverine Auffret, on plonge dans Une histoire du féminisme de l’Antiquité grecque à nos jours (Paris, Alpha, 2022 [1re édition : Paris, L’Observatoire, 2018], 640 pages). Bérénice Levet exprime une approche plus combattive : Libérons-nous du féminisme ! (Paris, Alpha, 2022 [1re édi-tion : L’Observatoire, 2018], 240 pages). Naëm Bestandji s’insurge, lui, sur Le linceul du féminisme. Caresser l’islamisme dans le sens du voile (Paris, Seramis, 2021, 360 pages).
Cette instrumentalisation de la religion pousse Abdennour Bidar à exalter le Génie de la France. Le véritable sens de la laïcité (Paris, Albin Michel, 2021, 204 pages). Chems-eddine Hafiz lance ainsi son Manifeste contre le terrorisme islamiste (Paris, Institut Diderot, 2021, 68 pages).
Lucien Jaume rappelle du coup L’éternel défi. L’État et les religions en France des origines à nos jours (Paris, Tallandier, 2022, 448 pages). Pour Paul Sugy, il faut tout autant prendre garde au danger de ne plus voir dans l’être humain une image de Dieu, ce qui lui fait dénoncer L’extinction de l’homme. Le projet fou des antispécistes (Paris, Tallandier, 2021, 208 pages).
Plus généralement, Helen Pluckrose et James Lindsay mettent en garde contre Le triomphe des impostures intellectuelles. Comment les théories sur l’identité, le genre, la race gangrènent l’université et nuisent à la société (Saint-Martin-de-Londres, H & O Éditions, 2021, 446 pages). De même, Anne de Guigné démonte Le capitalisme woke. Quand l’entreprise dit le bien et le mal (Paris, La Cité, 2022, 208 pages). Mathieu Bock-Côté pour-fend La révolution racialiste et autres virus idéologiques (Paris, Les Presses de la Cité, 2021, 140 pages). Cela amène Hubert Heckmann à mettre en garde : Cancel ! De la culture de la censure à l’effacement de la culture (Pa-ris, Intervalles, 2022, 72 pages). C’est aussi un appel au sursaut que formule Albéric de Serrant dans L’école asphyxiée. Redonnons de l’air à notre école ! (Paris, Mame, 2022, 224 pages).
Comment passer à côté de l’interrogation de Renaud Camus sur La dé-possession ou du remplacement global (Paris, La Nouvelle Librairie, 2022, 848 pages) ? Cela n’empêche pas de voir, à la suite de Mathieu Detches-sahar, La nation, chemin de l’universel ? Sortir de l’impasse post-nationale (Paris, Desclée de Brouwer, 2022, 128 pages). D’ailleurs, la française reste un modèle pour ceux venus s’y agréger, comme le relatent Rachel Khan dans Racée (Paris, L’Observatoire, 2022, 176 pages) et Stella Kamnga dans La France n’est plus la France. Dialogue non coupable ([Saint-Nicolas-de-Port], Les Éditions du Verbe haut, 2021, 88 pages). On peut alors se deman-der, à la suite de Christian Chesnot et Georges Malbrunot, si n’existe pas déjà Le déclassement français. Élysée, Quai d’Orsay, DGSE : les secrets d’une guerre d’influence stratégique (Paris, Michel Lafon, 2022, 320 pages).
Jean Étèvenaux
Des bd pour les jeunes
À l’origine destinée aux jeunes — y compris aux États-Unis où elle s’était beaucoup développée, à l’orée du XXe siècle, dans les journaux du dimanche —, la bande dessinée a eu tendance à les délaisser dans les décen-nies de la seconde moitié du siècle. Malgré les succès de Tintin, de Spirou et d’Astérix, pour ne citer que les plus emblématiques héros, elle s’est voulue tellement adulte et émancipée qu’elle a négligé les tranches d’âge de l’enfance et de l’adolescence.
Cela explique le succès de certaines rééditions. Ainsi, grâce aux édi-tions du Triomphe, on retrouve Titounet et Titounette (Vive le sport ! en constitue le 28e album), de Marie-Madeleine Bourdin, qui paraissait dans Perlin et Pinpin. Même heureuse reprise, le Sylvain et Sylvette de Maurice Cuvillier, sorti dans Fripounet et Marisette, en l’occurrence Le sanglier entre en scène, précédé de dizaines et de dizaines d’autres titres.
Mentionnons aussi l’extraordinaire postérité de Walt Disney dans le domaine de la bd. On peut même dire que Mickey et consorts ont été mis à toutes les sauces et que cela continue. Traduisant du matériel italien, ce qui s’avère tout à fait conforme à une très ancienne pratique pour ce type de fumetti, Unique Heritage Éditions publie une série intitulée Donald le cheva-lier déjanté, réalisé par un studio d’une dizaine de personnes ; le dernier sorti, Chevaliers contre sorcières, évoque davantage les mangas qu’une sé-rie mythique comme Mickey à travers les siècles.
On doit mettre en avant la production de la maison bourguignonne Bamboo, bien distribuée à travers toute la France. Visant un public jeune, elle propose des albums dont beaucoup visent à initier les lecteurs dans des domaines très différents, avec un agréable traitement humoristique. Signa-lons le deuxième tome de Dino Park, dû à Arnaud Plumeri et Bloz [Jean-Christophe Grenon], et le second volume, réalisé par Jean-Luc Garréra, Al-kéo [Alain Genot] et Cédric Ghorbani, Les Arkéos, avec un titre en forme de jeu de mots : Plus on est de fouilles… Dans le genre animalier, recomman-dons, toujours par Jean-Luc Garréra, accompagné cette fois d’Alain Sirvent, Les oiseaux en bande dessinée, qui en est à sa troisième partie. Christophe Cazenove et Manon Ita proposent de même Les chiens en bande dessinée. Enfin, le même prolifique Christophe Cazenove présente, avec Jérôme De-rache, le joli Amy pour la vie, qui met en scène une jeune non-voyante aidée par un chien-guide.
Grâce encore aux éditions du Triomphe, on retrouve une des nom-breuses séries dessinées autrefois par Pierre Brochard, ici avec un scénario de Guy Hempay, Perrac la Rapière. Il s’agit du troisième tome de l’intégrale, regroupant deux histoires de 30 pages, Courrier du Roy ! et Le Garde-Noble masqué. Des récits de cape et d’épée, virevoltant comme de l’Alexandre Dumas, aussi bien documentés que dessinés.
Voici, cette fois, non pas une réédition mais une nouvelle aventure de Marion Duval, la série-culte des années 80 due à Yvan Pommaux mais lais-sée ensuite à d’autres scénaristes. Retrouvant Bayard, son éditeur historique, l’auteur propose, toujours à destination d’un public d’adolescents, une longue aventure en grand format, La couleur des secrets.
Avec un titre s’appuyant sur une évocation semblable, la même mai-son, à travers sa collection Bande d’ados, a traduit une œuvre d’outre-Atlantique, La cité des secrets, réalisée par Victoria Ying. En 250 pages, celle-ci emmène ses lecteurs dans un monde peut-être imaginaire, mais fina-lement pas si éloigné des réalités quotidiennes, fussent-elles dramatiques.
Gihé