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Liste de nos auteurs :

Jean Etèvenaux

photo de l'auteur

Né le: 28/04/1947

Adresse: 49, rue du Grand Roule - F-69350 La Mulatière

e-mail: etevenaux.jean@gmail.com

Site web: voir fiche wikipedia

Membre de:

Adhérent(e) à la Sélyre

Distinctions:

Biographie:

activités journalistiques (carte de presse n°41 679)

- enseignement secondaire (Paris, Lubumbashi, Lyon) : français, latin, histoire, géographie, instruction civique et initiation économique.

- supérieur : - cours de communication

- chargé de cours

- secrétaire-délégué de l'Association des chefs d'entreprise libre (1975-1976)

- directeur de cabinet du maire de Perpignan (1995)

Bibliographie:

- Préfaces :

Extrait de:

Migrations anciennes et nouvelles en Europe. Des arrivées mais aussi des départs depuis des millénaires (pages 17-20), paru en 2017

On voit donc comment le christianisme – même divisé entre catholicisme et orthodoxie – apparaît comme une référence commune, au point que le non-chrétien est défini comme exclu de la société civile, qu’il s’agisse des païens de Prusse et de Lituanie, des Sarrasins des côtes méditerranéennes ou des bougres manichéens des Balkans. Les princes européens sont donc tous chrétiens et ils le proclament jusque dans les actes officiels qu’ils promulguent, non seulement pour affirmer que Dieu est de leur côté – le fameux « Gott mit Uns » des Allemands, différent du « God save the Queen » ou du « God bless America » et qui s’inscrit plutôt dans la tradition protestante de Gustave II Adolphe de Suède (1594-1632) au début du XVIIe siècle –, mais parce qu’ils sont convaincus d’agir en lieutenants du Christ. Dans cette perspective, un statut of ciel et longtemps exclusif est donné à l’Église, à la fois protégée et mentor du souverain ; mais ce dernier, malgré l’onction du sacre, n’appartient pas à la hiérarchie, malgré le rang de certains archevêques du Saint-Empire également petits souverains temporels jusqu’au début du XIXe siècle, la longue existence des princes-évêques du Monténégro et le quasi-statut d’« évêque du dehors » reconnu plus tard aux souverains luthériens dans les pays scandinaves.
Comme déjà indiqué à propos des grands saints convertisseurs, le christianisme se montre favorable aux nations particulières, au contraire de l’islam qui prône le rassemblement de tous les croyants dans l’oumma ; à ses yeux, la nation constitue une communauté naturelle dans le cadre de laquelle chacun est invité à vivre : il ne recommandera jamais de faire disparaître les nations, qu’il s’agisse de celle à laquelle on appartient ou de celles auxquelles on peut se trouver opposé. Dans l’orthodoxie, cela ira jusqu’à la constitution d’Églises nationales autocéphales. En revanche, la foi musulmane constitue un puissant ciment, dont il n’apparaît guère possible ni de se détacher ni d’extraire des séparations entre les divers aspects de la vie ; au contraire du monothéisme chrétien laissant son autonomie à la sphère politique, l’islam est censé organiser tout le quotidien des croyants.    
Pourtant, au début, les guerriers arabo-berbères arrivant par la péninsule ibérique ne se distinguent sans doute guère des multiples envahisseurs que le continent européen a vu arriver depuis des siècles. Il apparaît ainsi significatif que Charlemagne établisse des relations avec eux : quelques années après le coup d’arrêt de Poitiers, le fils puis le petit-fils de Charles Martel (686-741) nouent des contacts non seulement avec des souverains musulmans d’Espagne mais aussi avec Haroun al-Rachid (763-809), le calife de Bagdad. On peut également mentionner le fait que le puissant roi anglais Offa (757-796) de Mercie – un des royaumes constituant l’Heptarchie anglo-saxonne – fait frapper une copie de la monnaie abbasside d’al-Mansour (714-775). De même, le style roman de cette époque traduit des influences de l’architecture arabo-musulmane. Même si elles ne réalisèrent pas, des alliances matrimoniales ont même été envisagées. Toutefois, les oppositions religieuses vont se cristalliser et les deux mondes vont s’affronter durablement.
Cet inévitable conflit est symbolisé à Constantinople lorsque Mehmed II (1444-1446 et 1451-1481) s’empare de la ville le 29 mai 1453, la traversant à cheval jusqu’à Sainte-Sophie. la prise de Byzance – qui va officiellement s’appeler Istanbul – marque l’installation définitive de la puissance ottomane en Europe pour plusieurs siècles. Sa population, réduite de moitié par la conquête, est renouvelée par des Turcs de Thrace, par des Grecs des îles, par des Slaves de Macédoine et surtout par des Turkmènes d’Asie mineure. Un nouveau patriarche grec, Georges Scholarios (1400-1473), chef du parti opposé à l’union avec Rome, est installé à la tête de l’Église orthodoxe sous le nom de Gennadios II, consommant la rupture avec l’Occident catholique.
Cette emprise ottomane sur l’espace européen ne peut que nourrir la vision négative avec laquelle sont perçus les musulmans dans l’imaginaire médiéval, tout au moins à partir du XIe siècle. Le Sarrasin – terme emprunté par les Byzantins à une tribu d’Arabie et qui viendrait peut-être de l’arabe sarqiyyin [oriental] – représente, comme le dit Urbain II (1088-1099) prêchant la première croisade à Clermont en 1095, une race « dégénérée de la dignité d’homme ». Joachim de Flore (1135-1202), un cistercien partisan de la pauvreté absolue, déclare que Mohamed « prépare l’Antéchrist comme Moïse a préparé Jésus ».


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