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Alain Horvilleur

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Né le: 14/05/1939

Adresse: Lyon

e-mail:

Site web: blog.legardemots.fr/

Membre de:

Alain Horvilleur, médecin homéopathe, auteur de nombreux livres, dont le Guide familial de l'homéopathie, publié dans de nombreuses langues et numéro un mondial dans son domaine, est past-président de la Selyre.

Distinctions:

Biographie:

A enseigné l'homéopathie:

Prix littéraire 2010 du Groupe Paris-Lyon.

Bibliographie:

Ouvrages professionnels:

Ouvrages destinés au grand public:

Extrait de:

page 58 Parle-moi de tes symptômes, je te guérirai:

La communication verbale «Le mot ne manque jamais quand on possède l'idée.»Flaubert La relation interpersonnelle revêt deux aspects : la communication verbale,qui s'écoute et doit s'entendre; la communication non verbale, qui se regarde et doit se voir. La communication verbale est organisée autour de la langue.

Dans une conversation courante, nous avons tendance à vouloir comprendre directement ce qui nous est dit, appréhendant ainsi les messages de façon globale. Il n'est pas inutile, cependant, de prendre conscience que le signal de base émis par notre interlocuteur est en premier lieu physique. Il s'agit d'un son, ou plutôt, en langage universitaire, d'un phonème. Le phonème est la plus petite unité sonore qui puisse être émise ou reçue.

Dans le mot « pré », il y a trois phonèmes, à savoir : [p], [r], [é]. Les phonèmes sont associés entre eux par le locuteur, ce qui entraîne la formation de syllabes, puis de mots, et finit par constituer des phrases. On voit poindre ici le sens, qui est loin d'être anodin puisqu'il va, de répartie en répartie, constituer simultanément lemessage et la source de modification du message. Les mots ne sont ni pris au hasard, ni prononcés dans n'importe quel ordre. Ils respectent la syntaxe de la langue, c'est-à-dire la partie de la grammaire qui définit leur place, organise les relations entre eux, et combine les diverses propositions de la phrase. La syntaxe établit la structure de base, la colonne vertébrale de la langue. Elle est pratiquement invariable, en tout cas elle résiste à ce qui n'est pas conventionnel.

Prenons l'exemple du « franglais», ce français hybride qui fait des emprunts à l'anglais quand il veut s'enrichir. On constate qu'il est moins grave d'annexer des mots que des tournures de phrases. On peut dire sans choquer : « Je pars en week-end» (« Je pars en fin de semaine » serait ambigu) alors que l'anglicisme « J'ai lu un livre de seconde main » [second hand book], qui pourtant n'est composé que de mots français, offense notre syntaxe. Dans une phrase prise comme modèle et dont la syntaxe, par supposition, ne bouge pas, on peut remplacer certains mots par d'autres.

On fait ainsi se dérouler le paradigme, qui est l'ensemble des mots utilisables pour rendre une même idée, en quelque sorte l'éventail des possibilités. Je peux aussi bien déclarer : « Le soleil brille », « Le soleil luit », « Le soleil resplendit. » Les mots «brille », « luit », « resplendit » constituent un paradigme, c'est-à-dire l'ensemble des unités lexicales pouvant figurer à la place prévue pour le verbe, et éventuellement se substituer l'une à l'autre.

Prenons une référence cinématographique. Dans « Entrée des artistes », on peut entendre Claude Dauphin annoncer à Odette Joyeux qu'il veut la quitter. Il se justifie ainsi : «J'ai envie de changer d'existence. » Imaginons que, d'une voix gouailleuse, Odette Joyeux lui réponde : « Existence … Existence … Est-ce que j'ai une gueule d'existence ?»

La scène nous fait maintenant penser au film Hôtel du Nord où Louis Jouvet déclare à Arletty : « J'ai envie de changer d'atmosphère. » Les mots « existence » et «atmosphère» qui, de façon potentielle, sont adaptés ici à une même situation, constituent un ensemble paradigmatique.

Cette notion, très importante, montre que le locuteur a en permanence une batterie de mots dans laquelle il doit puiser. L'utilisation d'un mot précis plutôt que d'un autre n'est pas le fruit du hasard. Elle résulte d'un choix personnel, fait à chaque instant, dans l'éventail paradigmatique, et ce choix, volontaire ou instinctif, est un élément essentiel de la communication. Il est le reflet des sentiments, de l'état d'esprit du locuteur.

La richesse d'une langue, qui peut ainsi utiliser plusieurs mots pour qualifier un concept, un objet, une idée, est capitale. Elle facilite les rapports humains. La sélection se fait en fonction des circonstances, de l'information à donner et de la pensée du locuteur. Nous sentons poindre ici l'expressivité individuelle et ceci n'est pas pour nous déplaire. Le locuteur cherche à dépasser l'objectivité du code et à marquer de sa personnalité le message qu'il émet. Il peut ainsi exprimer ses désirs.

A l'intérieur d'une phrase donnée, et pour un même arrangement syntaxique et paradigmatique, la signification des mots peut varier en fonction du contexte, c'est-à-dire de ce qui a déjà été exprimé. Cette notion nous inscrit dans le réel. Elle permet de produire du sens, de le modifier ou de le reconstituer. J'affirme : « Le menton est au-dessus du nez. » Cette déclaration peut surprendre, sauf à considérer que je parle d'un tableau surréaliste ou d'une personne pendue par les pieds. Si je précise : « Dans mon glossaire, le menton est au-dessus du nez », la proposition devient immédiatement acceptable. Le contexte, en fournissant la notion de rubriques, éclaire, et même valide ma déclaration. L'ordre alphabétique sauve l'ordre des choses. Le monde peut s'organiser. Le contexte fournit les normes relationnelles, le ou les codes nécessaires, les rituels d’interaction. A strictement parler, le contexte est l'ensemble du texte encadrant un mot, c'est une sorte de décor verbal. Il permet de réduire le nombre des significations possibles.

La polysémie (ou pluralité des sens pour un même mot) est une source potentielle de malentendus, dans la mesure où elle facilite l'écart entre le sens donné au message par l'émetteur et celui que le récepteur lui attribue. A la question : « Quel est votre débit ? », on peut se demander si l'on parle d'un débit de boisson, de tabac, de parole, ou plus certainement, de la part d'un médecin, de débit urinaire. Le contexte a également un sens figuré : c'est l'ensemble des conditions, humaines et envi-

Page 59 LA CONSULTATION CRÉATIVE PHOSPHORICUM ACIDUM ou l'inhibition de la communication

Chez Phosphoricum acidum l'épuisement intellectuel provoque un état d'isolement et d'inhibition de la communication, généralement après un surmenage ou une déception amoureuse. Il n'a plus aucune réserve d'énergie et la fatigue est aussi bien physique que cérébrale. Il devient indifférent à tout, incapable de se concentrer, apathique. Il est « comme une pile vidée », «au bout du rouleau », ou, comme disent les anglo-saxons, en état de « burn out ». Il n'a plus d'émotions. Il ne comprend plus rien, se plaint d'un manque de concentration. Il ne trouve pas le mot juste, ne saisit pas le sens des phrases qu'on lui dit, même quand les mots sont simples. Il a besoin de tranquillité et préfère s'isoler.

L'adolescent refuse d'aller en classe.

• Page 228 Parle-moi de tes symptômes, je te guérirai PHOSPHORUS ou la communication à tout prix Phosphorus est l'exemple même du communicateur. Généreux, altruiste, chaleureux, il donne de l'amour et de l'attention à tout le monde. Oblatif,passionné, compatissant, il ne supporte pas de voir un être humain (ou un animal) malheureux. Il a besoin de « servir », « aime avoir un rôle social », par exemple dans une association caritative. Il a un tempérament d'artiste, qui lui permet de matérialiser ses fantasmes et lui évite la fuite dans l'imaginaire. On l'aime bien au premier regard. On a envie d'en faire son ami, il est sympathique. Sa grande sensibilité au malheur des autres est un rempart contre le silence, mais aussi une projection de sa propre angoisse, voire une forme sublimée d'égoïsme. Véritable marchandage avec la vie, c'est son angoisse qui le rend généreux.

Elle est majeure, sans fondement et sans objet, allant jusqu'à l'authentique crise de panique. Il cherche à la calmer par tous les moyens. Elle explique son grand désir de compagnie. Il est capable d'aller se réfugier chez son voisin même s'il ne le connaît pas, de téléphoner à quelqu'un pendant des heures, de garder son enfant à la maison au lieu de l'envoyer à l'école. Un pas de plus et il peut glisser vers une véritable névrose phobique. Naturellement, tous les intermédiaires sont possibles. Phosphorus est le type même de l'hypocondriaque, il « s'écoute », joue à se faire peur.en se trouvant de nouveaux symptômes. Il est inquiet du moindre bobo, n'aime pas rendre visite à quelqu'un à l'hôpital, ne supporte pas qu'on parle de maladie devant lui. Il veut tous les examens paramédicaux qui existent, court les médecins, fait du « zapping médical ».

Il en veut au médecin qui ne lui trouve pas de maladie. Il va voir les voyantes et les astrologues. Il a des prémonitions (c'est-à-dire une forme d'angoisse suivie de réécriture des événements), des rêves prémonitoires, un état de clairvoyance, au cours duquel il risque de perdre le contact avec la réalité. Il est attiré par la religion, aime Dieu, peut aller, dans certains cas extrêmes, jusqu'à la schizophrénie et au délire mystique.

Dans ce type de circonstance, il a besoin de se regarder dans un miroir, peut se mettre nu, se sentir en état de morcellement. Son regard est angoissé, noir, mobile, généreux, brûlant comme des charbons ardents. On se sent brûlé par son angoisse.

• Page 229 ANNEXE 1 : PETITE MATIÈRE MÉDICALE INTERPERSONNELLE


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