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Liste de nos auteurs :

Serge Bouchet de Fareins

photo de l'auteur

Né le: 19/06/1941

Adresse: "Ar Zurveilhantez", Avenue de Bourgogne 01851 MARBOZ

e-mail: bouchetdefareins.serge@neuf.fr

Site web: www.sergedefareins.com/

Membre de:

Adhérent(e) à la Sélyre

Distinctions:

Biographie:

Né en 1941 de père dombiste, officier d’infanterie, et de mère bretonne, Serge Bouchet de Fareins goûte, après 42 ans d'activité d'abord comme commercial puis dans la reconversion professionnelle, aux plaisirs d'une retraite où les amis tiennent une immense place : avec eux il se consacre à l'Histoire, au respect du devoir de mémoire, mais aussi à la mise en valeur du patrimoine, à l’animation théâtrale, aux interventions civiques en milieu scolaire, à travers l'association Les Gloires napoléoniennes qu'il a créé en 1992.

Le goût des belles-lettres, une aisance naturelle en tant que conférencier, lui ont valu de se voir admis au sein de sociétés savantes, comme la Société d'Emulation de l'Ain, fondée en 1783 - dont il a été secrétaire puis trésorier – ou la société "Le Bugey", et, plus récemment, l'Académie de Maçon, fondée par Napoléon 1er (1805).

Serge Bouchet de Fareins est membre de la Sélyre (Société des écrivains lyonnais et rhônalpins).) Comme beaucoup, il s'est essayé, tout jeune, à la poésie, puis à l'écriture de nouvelles, avant de se risquer, bien plus tard, au roman. - Auteur-éditeur : Editions Au coeur de ma plume

Bibliographie:

  • Journet de l’An II, 1ère édition, roman historique, Editions de La Tour Gile, 1992, Lyon et Péronnas (épuisé)

Pour en savoir plus, consulter le site http://gloiresnapoleon.free.

Extrait de:

LE DIABLE DANS LE GRENIER

     On se rendait souvent au Port du Légué, où l'on allait voir les bateaux franchir les écluses. C'était fort intéressant, les écluses. Le bassin fermait ses grosses portes métalliques, puis les embarcations montaient et descendaient lentement, comme de gros bouchons. L'éclusier rattrapait habilement la drisse que lui lançait le bateau et l'entourait avec vivacité autour de la bitte d'amarrage. Puis il tournait une grosse manivelle en fer, patinée par le sel et les ans, et les lourds battants s'entrouvraient tout doucement, laissant s'échapper un joyeux bouillonnement. Une fois le bon niveau atteint, les cotres, libérés d'entre les parois aux pierres verdies de mousse et d'algues, s'élançaient vers le large, beaupré et trinquette chantant gaiement le vent et la marée. La manœuvre était parfois un peu longue, mais, à vrai dire, on s'en souciait peu, trop occupé que l'on était à faire de grands "coucou!" aux marins qui, tout sourire, répondaient en agitant leur casquette ou leur bonnet. Tantôt c'étaient de beaux dundees thoniers aux deux longues antennes à l'avant, comme des langoustes, ou encore de trapus chalutiers à l'étrange arceau arrière; tantôt remontaient de plus modestes embarcations : sloops à tape-cul, gabares ou chaloupes pontées. De temps à autre rentrait de Cancale une bisquine au voilage en queue d'hirondelle. Zouzou aimait bien ces coques aux teintes variées, ces mâts de misaine ou d'artimon au petit foc ou à la brigantine sagement enroulés, ces petits abris de bois derrière lesquels s'activaient les hommes de barre, la casquette délavée rejetée en arrière sur une tignasse collée par les embruns salés. Souvent, on s'attardait aussi à observer le manège des dragues : leurs mâchoires d'acier plongeaient grandes ouvertes en un floc tonitruant d'où jaillissaient des gerbes d'eaux troubles, puis remontaient en grinçant des dents, la gueule pleine de sable et de vase, tirées par des chaînes rouillées crissant sur des poulies geignardes. Non loin se situait le cimetière des navires. Habituellement, au seul mot de cimetière, Zouzou ressentait des frissons lui parcourir tout le corps. La trouille des feux follets et autres diables lui donnaient des sueurs froides. Pourtant, dans ce cas précis, non seulement il n'avait pas peur, mais une sourde et mystérieuse attirance le prenait : autant il trouvait injuste et triste de se débarrasser là d'anciens maîtres des flots, de les laisser pourrir sans ne rien faire pour les sauver, autant il aimait à en contempler les carcasses moussues, couvertes de coquillages, les mâts ébréchés où, jadis, claquaient huniers et perroquets. S'ils avaient pu parler, ces dieux d'océan, que de merveilleuses histoires, d'extraordinaires aventures lui auraient-ils contés ! On pouvait en voir de toutes tailles, de toutes sortes, rassemblés en un même abandon....Des gros, majestueux et dignes, silencieusement blessés de leur disgrâce; d'autres dont seule subsistait l'ossature, telle la carcasse d'un vieux sanglier touché à mort sur lequel la meute se serait acharnée, tous crocs dehors; de plus petits, aussi, modestes et résignés jusque dans leur ultime misère. Ils avaient dû en subir, des bourrasques, des tempêtes ! Peut-être même leur équipage avait-il dû affronter les pirates ? Le petit garçon imaginait, en contemplant les voiliers délaissés, de terribles abordages, revoyait bondir d'un navire arborant la pavillon à tête de mort les silhouettes menaçantes d'hommes au faciès terrifiant que des matelots courageux repoussaient à coup de hache et de harpon. Les ruffians enturbannés de foulards rouges finissaient noyés, tandis que leur vaisseau en flammes s'abîmait dans des eaux noires...


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