Dans la rubrique: Sujets généraux - Poésie
Paru en: 09 / 2009 à Trévoux sous référence ISBN: 0
Sujet: Recueil de poèmes.
Présentation:
Prologue
Comment mieux expliquer une rencontre qu’en dévoilant la vérité. En qualité de Notaire, je fus chargé du règlement de la succession de Monsieur Szafranek, et quelque temps plus tard, dans le courant d’un hiver brumeux et humide, je me rendis à son domicile où m’attendaient sa veuve alors âgée de 78 ans et son fils. J’étais en retard, le portail était ouvert, elle m’attendait avec une impatience non déguisée, car elle avait ensuite rendez-vous chez son médecin. Je fus sommé de rattraper mon retard et je le fis avec humour.
Quelques réflexions au cours du rendez-vous, une photo dans le salon, un poème énoncé rapidement et nous découvrîmes en quelques minutes notre goût commun pour la photographie et pour la poésie. Ensuite, tout s’enchaîna très vite. J’emploie à dessein ce mot, car nous ne nous sommes plus quittés, en ce sens que nous avons entretenu régulièrement une correspondance amicale.
Nane, c’est ainsi qu’on la nomme à Mionnay, dirait que nous avons entamé un concert ensemble. Mes goûts vont vers le requiem, les siens la porteraient plutôt vers une symphonie étrange, qui mêlerait les notes légères d’un clavecin, les gémissements d’un violon, la poésie d’une flûte enchantée, le tonnerre d’une contrebasse, les jaillissements d’une cymbale, les jeux enfantins d’un pipeau dont les musiciens seraient des fées, des trolls, des farfadets, des génies aux pouvoirs insensés.
Lors de notre rendez-vous, elle me lut le poème dédié à son époux « L’arbre et le coeur » (44) et, juste avant de partir « Notre maison » (45). J’étais confondu par tant de talent, d’enthousiasme, de folie maîtrisée et de générosité rayonnante.
Je rentrai absorbé plus que de coutume, ému, touché au coeur. Ma plume ne mit pas longtemps pour rédiger « Madame » (33) que je lui fis suivre par la poste. Je reçus un delphinium dans lequel s’étaient cachés, selon elle, quelques fées et lutins. Séduit par ses rêves de sylphes, je lui composai alors « Le jardin de Nane » (34). Elle le réceptionna, m’envoya « Le petit monde du jardin de Nane » (55) et pleura tant que je me sentis obligé de lui adresser un troisième poème « Il faut battre la Diane » (36). Elle m’envoya « Ma vie » (43) et me pria d’être fécond car chez elle l’exigence rime avec excellence… Je fis partir un courrier qui contenait « Carpe Diem » (15), puis « Sur le pont de Trévoux » (7) qu’elle me renvoya avec en conclusion un quatrain spirituel. Je retirai de la boite aux lettres « Comédia » (52) et un jour qu’elle était en colère pour un motif sans importance, je lui fis parvenir « Sonnet de couleurs » (41). Elle me répondit quelque temps après avec « Echanges » (72) et nous continuâmes ainsi à cheminer. Plus tard, je lui envoyai un poème gaillard qui lui fit plus de bien que toutes les médecines : « Le lupanar de Nane » (37). Je reçus « Le hasard et la nécessité » (67) et elle composa « La mésange » (61) au vu de la photo d’une mésange qui s’était rompu le cou sur la baie vitrée de mon bureau. Nous nous amusions bien et lorsqu’elle me fit part de la visite d’un militaire, je lui composai la « Fable de la Dame, du Notaire et du Militaire » (39). Avec l’été, elle, qui loue la splendeur du coquelicot, me fit parvenir « Floréal » (56) et moi, qui la rejoins sur ce thème, j’écrivis « Ivresse provençale » (17).
Nous échangions ainsi nos coups de coeur, nos trouvailles. Ce fut « La chatte du voisin » (73) pour elle, et « Havane » (32) pour moi. En remontant le temps, nous évoquâmes le passé : elle, le bénitier de sa grand-mère avec « Quel ange !? » (54) et moi, le « Parc de ma grand-mère » (29).
Et un jour, une muse vint nous suggérer : « Pourquoi ne publieriez-vous pas vos poèmes ? ». Unanimement, nous répondîmes : « Mais qui pourraient-ils intéresser ? ». J’ajoutai aussitôt, à l’attention de Nane : « Votre poésie est incomparable, je ne fais que de la prose rimée… » Elle jugea qu’il y avait dans certains poèmes une sensualité brûlante, charnelle, évocatrice qui dépassait de loin la tristesse de ses anniversaires, de la guerre et des morts. Nous fîmes assaut de modestie, fort mauvais juges de nos textes. Mais la passion de l’écriture reprit le dessus, et nos liens amicaux surent nous convaincre de tenter ce voyage vers les lecteurs. Nous ajoutâmes alors à ceux énoncés ci-dessus, qui constituent les prémices de notre oeuvre commune, quelques poèmes de jeunesse ou plus récents que nous fîmes intercaler pour offrir aux lecteurs une musique différente - telle que la flûte et le basson - des perspectives variées, un ressenti aussi dissemblable que les touches noires et blanches d’un piano, espérant qu’ils nous suivraient et nous comprendraient dans notre tentative un peu atypique, mais tellement enrichissante pour ce qui nous concerne. La poésie touche à des ressorts enfouis au plus profond. Elle est personnelle, intime, et peut paraître dévoiler des secrets privés. Il faut la ressentir comme une musique symphonique profonde ou une peinture pointilliste. Elle évoque, dessine, transmute, déstabilise parfois ou heurte même, mais ne trahit pas.
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Collection: édité par: lui même
80 pages; prix: 0 euros