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Sortie littéraire à Ferney Voltaire

publié le : 18/02/2011

       Il est désormais de coutume d'organiser une sortie littéraire de rentrée, le pays de l'Astrée en 2009 et Roger Vailland en 2010. Cette année c'est Ferney Voltaire qui a été choisi à la majorité par nos adhérents. Nous sommes donc attendus à Ferney Voltaire le samedi 24 septembre 2011.

      Attention en raison de la longueur du trajet, le rendez-vous du départ a été fixé à 8 heures 30 et prévoir un retour vers 19 heures. C'est Monsieur Henri Duranton, spécialiste universitaire de Voltaire qui nous accompagnera.

      Rappelons le programme et le lieu de rendez-vous :

 

       Petite bibliographie pour préparer votre voyage ici ou consulter le Garde-mots d'Alain ici.

       Vous pouvez vous inscrire en cliquant ici.

 

Quand Voltaire passait par Lyon...

       La brouille entre Frédéric II de Prusse et Voltaire était consommée : en mars 1753, l’écrivain avait été remercié sans façon. « ...Il ne recouvra sa liberté de mouvement que le 7 juillet. Mais où aller ? Il est presque partout proscrit et indésirable... » Il ne s’installera pas à Francfort, où il redoutait encore la rancune du roi de Prusse, ni en Alsace où un scandale l’accablait : « Il fuit, passe par Plombière, Senones, Lyon, où le cardinal de Tencin, peu soucieux de plaire à ce personnage encombrant, lui conseille de poursuivre son chemin. “Vous n’êtes pas bien avec la cour, je ne peux vous garder à dîner“... » (1).
      Son secrétaire, Collini, attestera pourtant qu'il fit d'autres rencontres plus agréables, dans cette ville de Lyon  où il avait débarqué le 15 novembre 1754 et qui semblait concilier deux choses « qui paraissaient incompatibles » : le commerce et les lettres. « Voltaire y trouva M. de Bordes, l'abbé Pernetti et plusieurs savants qui s'empressèrent de lui en rendre le séjour agréable. Il fut invité à une séance de l'Académie des Sciences et Belles-Lettres où on le reçut avec toute la distinction due à son nom et à ses écrits. Il passa quelques jours avec le maréchal de Richelieu » (2).
      Quoi de plus normal que cet accueil de notre Académie puisque, dès 1732, Voltaire a correspondu « avec Claude Brossette, lié à Boileau et bien connu dans la cité comme avocat et comme secrétaire perpétuel de l’Académie parmi les fondateurs de laquelle il figure ; en 1745, il en devient membre associé. C’est l’époque où, un tantinet flagorneur, Voltaire écrit que “Lyon sera bientôt plus connu par ses académies que par ses manufactures“ » (3).
      Il n’empêche. Voltaire finit par trouver Lyon trop fade à son goût en se plaignant, qui plus est, de son logis inconfortable, ce qui n'avait rien de flatteur pour l'hôtel du Palais Royal où il était descendu et d'où il écrivit, le 20 novembre, au comte d'Argental : « Je ne sais où je vais ni où j'irai. Je voyage tandis que je devrais être au lit : et je soutiens des fatigues et des  peines qui sont au-dessus de mes forces ». Voltaire, éternel mourant, exagérait sans doute. Mais l’accueil très froid du cardinal de Tencin finit de le convaincre : « Mon ami, dit-il à Collini, ce pays n'est pas fait pour moi ».  Et de quitter Lyon pour Genève où il arriva en décembre 1754 avant de s’installer un peu plus tard, durablement, à Ferney.
     Gérard  Chauvy


(1) Guy Chaussinand-Nogaret, Voltaire et le Siècle des Lumières, Complexe, 1994
(2) Collini, Mon séjour auprès de Voltaire, Paris, 1807
(3) Jean Étèvenaux, Les Grandes Heures de Lyon, Perrin, 2005

 

Voltaire et Rousseau :
duel au siècle des Lumières


      Pour introduire notre visite à Ferney-Voltaire, suivie par l’année Rousseau en 2012, voici quelques réflexions sur les deux écrivains.

       Champion de la société organisée contre chantre de la nature : Voltaire (1694-1778) et Rousseau (1712-1778) ne se sont rencontrés qu’une seule fois mais ils s’entredéchiraient régulièrement par littérature interposée. Rousseau dans Les Lettres écrites de la Montagne (1764) reprocha à Voltaire de ne pas croire en Dieu. Celui-ci rétorqua de manière cinglante par une Lettre au docteur Pansophe. On peut y lire : « Docteur Pansophe (1), vous vous êtes fait le précepteur d'un certain Émile, que vous formez insensiblement par des moyens impraticables ; et pour faire un bon chrétien, vous détruisez la religion chrétienne. Vous professez partout un sincère attachement à la révélation, en prêchant le déisme, ce qui n'empêche pas que chez vous les déistes et les philosophes conséquents ne soient des athées. J'admire, comme je le dois, tant de candeur et de justesse d'esprit, mais permettez-moi de grâce de croire en Dieu. Vous pouvez être un sophiste, un mauvais raisonneur, et par conséquent un écrivain pour le moins inutile, sans que je sois un athée. L'Être souverain nous jugera tous deux ; attendons humblement son arrêt. Il me semble que j'ai fait de mon mieux pour soutenir la cause de Dieu et de la vertu, mais avec moins de bile et d'emportement que vous. Ne craignez-vous pas que vos inutiles calomnies contre les philosophes et contre moi ne vous rendent désagréable aux yeux de l'Être suprême, comme vous l'êtes déjà aux yeux des hommes ? »

      Voltaire a dit pis que pendre de Jean-Jacques Rousseau, dont ce sera, en 2012, le troisième centenaire de la naissance. Surtout à partir de 1760 où les relations entre les deux hommes s’enveniment nettement. En juin 1760, Rousseau adresse directement à Voltaire cette lettre extraordinaire où, tout en l’assurant de son admiration et de son respect intacts, il lui dit : « je vous hais » et lui en explique les raisons avec ce mélange de sincérité et d’outrance dont il est coutumier. Jean-Jacques, il est vrai, ne va pas bien : il se brouille, à cette époque, avec Diderot, avec Grimm, avec Mme d’Epinay. Il se croit persécuté de tous, en butte à des complots, exposé à toutes sortes de rumeurs. « Je voudrais que Rousseau ne fût pas tout à fait fou, écrit Voltaire à d’Alembert, mais il l’est. Il m’a écrit une lettre pour laquelle il faut le baigner et lui donner des bouillons rafraîchissants. » (1)

Alain Horvilleur
 

(1) Pansophie : connaissance universelle, omnisciente, qui élève la pensée vers le  divin en partant du monde concret. Étymologie : du grec pan, tout, et sophia, sagesse.

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Le château.
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