Jean Etèvenaux donne les dernières informations sur les activités de la Sélyre, avec préinscription pour la sortie littéraire du samedi 14 septembre au Maupas, à Cognin en Savoie, dans la propriété des descendants d’Henry Bordeaux, qui nous recevront.
Laurence Duran Jaillard détaille Les voies des Mangini (Libel) et ce qu’il en reste.
Ils se nomment Lazare, Marc, Félix, Lucien, Léon, Henri, Louis… oui, peu de noms de femmes, elles apparaissent comme épouses, ainsi le voulait l’époque. Suivre leur sillage c’est découvrir une formidable diversité d’initiatives et de réalisations. Voici pour une petite « mise en bouche » : la première voie ferrée de France donc, mais aussi l’assèchement des marais de la Dombes, un sanatorium à Hauteville dans l’Ain, les premiers logements pour ouvriers dans les quartiers populaires de Lyon, une locomotive qui « fonce » à 50km à l’heure grâce à sa chaudière tubulaire, un pansement en tulle gras pour soigner les blessés de la première guerre mondiale, un premier service de cancérologie installé cahin- caha au cœur de l’Hôtel Dieu à Lyon, une folle exploration jusqu’aux
confins de la Sibérie et de la Mongolie…
Arrêtons nous aussi dans des châteaux, celui de la Pérollière à St Pierre la Palud, celui des Halles dans la toute petite commune des Halles ou encore dans l’incroyable demeure mise au service de la science à Varagnes en Ardèche.
Devant un arbre généalogique grand format, plusieurs membres de la famille Mangini actuelle s’essayaient à retrouver leurs ancêtres, partageaient leurs souvenirs, leurs émotions. « Après la célébration de la saga Mangini en juillet 2016, l’une de mes petites nièces par alliance m’a dit : j’ai découvert votre famille et les valeurs morales de vos ancêtres. Je me sens investie d’une grande responsabilité, celle d’éduquer nos enfants en essayant de leur inculquer les mêmes valeurs », se souvient aujourd’hui Guy Mangini.
Guy Mangini a voulu ce livre parce que « c’est en quelque sorte graver dans le marbre l’esprit d’invention et les valeurs humanistes de mes ancêtres. Je souhaite que les nouvelles générations Mangini soient fières de leurs origines et qu’elles aient envie de reprendre le flambeau ».
Valeur, tel est le mot important. Tous ces Mangini et alliés ont certes entrepris, innové, emportés par la bourrasque du progrès si caractéristique de
cette période de la révolution industrielle. Mais ils n’ont jamais perdu de vue que l’homme devait rester au centre du progrès. Les enfants du petit immigré italien sont devenus des bourgeois lyonnais et même de riches bourgeois mais plutôt que d’amasser toujours plus d’argent et en jouir égoïstement, ils l’ont transformé en causes généreuses, ont préféré servir l’intérêt général.
Dans le monde incertain, matérialiste et harponné furieusement par le « toujours plus » que nous vivons, il est essentiel d’entendre le message intelligent et bienveillant que nous transmettent les Mangini.
Comme la plupart, je ne connaissais pas les Mangini et j’ai beaucoup aimé, grâce à cet ouvrage, faire un beau voyage en leur compagnie. Je n’ai pas travaillé de façon académique, historique, scientifique. J’ai préféré par le récit, les anecdotes donner vie à tous ces personnages. Ils m’ont passionnée, touchée. Pourvu qu’ils vous passionnent aussi ! Sachons les écouter.
Christine Gnimagnon Adjahi montre ce qu’a été La force du destin de Baï (Pascal).
Au Bénin les petites filles doivent se battre et faire preuve doublement de courage et de
persévérance si elles veulent suivre des études... C'est cette lutte que nous conte Christine Adjahi. "Moi, Baï, la petite fille du village qui était promise en mariage à cinq ans à un vieux monsieur de cinquante ans, me voilà devenue Docteur ès Lettres avec une carrière bien remplie dans l'enseignement ! Mon destin n'était manifestement pas de vivre au village, ni d'épouser le vieux fiancé choisi par mon père. Comme l'oncle Raymond, à qui je dois toute cette réussite, je suis devenue à mon tour la fierté de ma famille. Voilà où mon destin m'a conduite".
Anne-Sophie de Lamarzelle expose Le choix de Bilal (L’Astrée).
Tous autant que nous sommes, nous pouvons citer le nom d’un, deux, éventuellement trois quartiers sensibles non loin de chez nous. Sensibles parce que fourmillant de délinquance et de violence, actes qu’éventuellement nous commentons avec passion à l’apéro du dimanche midi. Ces questions intéressent aussi les politiciens, tous sans exception. Sur ce sujet, et uniquement en guise d’introduction, j’ai envie de rappeler les propos quasi-fanatiques d’un ancien candidat à la présidentielle français ; en 2005, il se proposait de « nettoyer au Karcher la cité ».
Sait-il seulement de quoi il parle ?
Non, évidemment. A.S. Lamarzelle affirme, avec la tranquillité de celle qui maîtrise son sujet, que les discours médiatiques, qu’ils émanent d’une tête de liste électorale ou d’un commissaire de police, ne sont basés sur aucune connaissance du terrain. Les lois de la Cité ne sont connues que de ses habitants. Et encore, pas de tous : de ceux qui y sont nés et qui s’y battent pour leur survie, pas de ceux qui s’y installent par fraternité et idéalisme ; ceux-là n’ont que des choses à y perdre, rien à y gagner.
Bilal, lui, est le type même du jeune caïd qui connaît les règles du jeu sur le bout des doigts. Il est intelligent, il bouquine, il se bat et il braque. Le délinquant un peu hors norme, si norme il y a. Il n’a pas eu de chance dans la vie, pas plus que les autres, mais comme il est futé et protégé par la loi du silence, il ne s’est jamais fait attraper. Le vol dans le supermarché, d’ailleurs, il le prépare avec une telle minutie que la police ne trouve pas le moindre indice pour les épingler, lui et ses complices. Va-t-il sortir indemne de ce n-ième acte de délinquance ?
Comment trouver le juste positionnement, pour évoquer un sujet aussi délicat ? Comment évoquer les malfrats, les dealers, les habitants de la cité, l’enquête de police,
l’avocat général ou l’avocat de la défense, avec la même distanciation ? Seul.e un.e juge d’instruction pouvait le faire. Et ça tombe bien, A.S. Lamarzelle est juge d’instruction.
Tout comme Une proie trop facile de Yishai Sarid (Actes Sud, 2005), Le choix de Bilal est un roman inclassable. Polar, oui ou non ? Il y a enquête, il y a vol avec violence, accusés et coupables, certes. Mais A.S. Lamarzelle a surtout placé son histoire sous l’angle de la société. A travers Bilal, Sofiane, Greg, Joël et les autres, elle raconte la cité de l’intérieur. Les règles qui la régissent, qu’aucune police ne saisira jamais vraiment. Les lois de la survie qui ne figureront jamais dans le Code pénal. Le désœuvrement pathologique, le lâche abandon des pères, les mères incapables de faire face. L’auteure ne donne pas de solution. Elle ne plaide pas pour ou contre. Elle constate. A travers les nombreux choix qui s’offrent à Bilal, elle interroge la Justice sur sa capacité à diminuer la délinquance dans des zones hors-la-loi. Ses constats ne devraient pas beaucoup plaire à nos dirigeants.
Comme à l’accoutumée, Jean Étèvenaux présente les parutions se rapportant à la région par l’auteur, le sujet ou l’éditeur.
Les auteurs dédicaceront leurs livres.