Cette année notre sortie annuelle s'est déroulée le 26 septembre en hommage à la mort de Paul Claudel il y a 60 ans.
Nous sommes donc allés au château de Brangues en Isère.
Sans rapport avec Paul Claudel nous sommes d'abord allés sur les traces de l’affaire Berthet, à l’origine du roman de Stendhal Le Rouge et le Noir. Pourquoi parceque cette tragique affaire s'est justement déroulée à Brangues.
Il y a un musée dans le centre du village sur la même place de l'église où a eu lieu la tragédie. Les bénévoles de l'association « Brangues Village de Littérature » qui gère et anime le village de Brangues autour du patrimoine lié à l’empreinte des deux écrivains célèbres, nous ont guidé pour la visite du village et la maison Michoud de la Tour.
Après une rapide biographie de l’écrivain on évoque l’Affaire Berthet, le fait divers dont le grand écrivain s’inspira pour écrire son roman Le Rouge et le Noir.
L’exposition propose un parallèle entre le drame véridique qui a eu lieu dans l’église de Brangues en 1827 et le roman de Stendhal paru en 1830, entre Antoine Berthet le personnage réel et Julien Sorel le personnage romanesque.
On mesure aussi le traumatisme suite au scandale dans le pays. Le 22 Juillet 1827, Antoine Berthet se rend à Brangues pour la messe. Le jeune homme se place derrière madame Michoud. Au moment de la communion, il sort un pistolet et lui tire dessus. Elle est grièvement blessée. Muni d’un deuxième pistolet, il tente de se suicider. Arrêté et emprisonné à Morestel puis à Bourgoin, Antoine est transféré à la prison de Grenoble.
Antoine Berthet sera jugé par la Cour d’Assises de Grenoble. Le 15 Décembre 1827, les jurés rendent leur verdict : « La déclaration du juri (sic) est oui, l’accusé est coupable avec toutes les circonstances aggravantes. Délibéré à Grenoble le quinze décembre 1827. Le chef du juri Bonnard. »
Le 23 février à 11heures on va chercher Antoine Berthet à sa prison. Un cortège l’accompagne de la place Saint-André à la Place Grenette où est dressé l’échafaud… Le couperet tombe. Antoine avait 26 ans.
Le déjeuner était prévu à l'auberge du Fouron à Morestel pour un festival de délices du jardin. Nous sommes reçus par le patron de l'auberge et chef en cuisine ainsi que par Calenduline auteur du Petit traité Rustica des plantes sauvages comestibles (Rustica) que nous avions reçu à notre réunion du 24 septembre.
La visite du château de Paul Claudel a eu lieu ensuite avec la gentillesse de la petite fille de Claudel.
La construction de l’édifice débute au XIVe sous l’impulsion des Rossillon, puissante famille du Dauphiné. L’aile nord, partie primaire de la bâtisse, est flanquée d’une grosse tour ronde de type défensif. Au XVe siècle Gabriel de Rossillon est dépossédé de ses terres par Louis XI qui en fait don à Imbert de Baternay. Ce dernier agrandit le château en faisant construire l’aile est, joliment terminée par une tour en poivrière. Plus tard, une descendante de Imbert de Baternay, Jeanne de Baternay, épouse Jean de Poitiers. Leur fille unique, Diane de Poitiers, favorite du roi Henri II, posséde quelques temps les terres de Brangues et du Bouchage.
En 1609, le château est acheté par les Gratet qui font construire les ailes sud et ouest.
En 1830, le domaine est vendu au marquis de Quinsonnas.
En 1856, il devient la propriété, par alliance, de la famille de Virieu.
Paul Claudel en fait l’aquisition et s’y installe en juillet 1927.
On suit le poète depuis son enfance à Villeneuve-sur-Fère en Tardennois dans l’Aisne, tout au long de sa carrière diplomatique, de son œuvre littéraire et théâtrale jusqu’aux vingt-cinq années de retraite qu’il passa en grande partie à Brangues.
Dans ce château acheté en 1927, il aima recevoir ses amis et être entouré de ses petits-enfants.
On évoque aussi les liens du poète avec sa sœur Camille qu'il a soutenu sans faillir contrairement à l'idée qui est répandue.
En 2001, Takatoshi Takemoto, mécène, a offert la création d’un jardin japonais en hommage à l’admiration que portait le poète pour la culture de ce pays. Il fut réalisé par Olivier Brière à l’occasion des «Rencontres de Brangues», dédiées cette année-là à «Paul Claudel et le Japon». Un petit pont de bois rouge enjambe une rivière imaginaire.
L’amour des japonais pour cet « ambassadeur poète » se retrouve ainsi dans ce petit coin de parc.
« Creuse
ce jardin
comme une tasse
où tu viendras goûter
l’élixir
de tout ce paysage
aromatique »
On l’accompagne enfin jusqu’à sa tombe dans le resplendissant parc du château.